CHAP
I : APERCU GENERAL DE L’HISTOIRE DE ROME
L’histoire de Rome comporte 4 grandes périodes, qui vont du
10ème siècle a.C au milieu de 5e siècle p.C. Ce
sont :
-
La Royauté, période pour laquelle on possède
peu de documents historiques et beaucoup de légendes.
-
La République, pendant laquelle Rome doit
d’abord devenir une cité forte (à la suite de la crise de croissance) ;
ensuite elle agrandit son pouvoir par des conquêtes (grandes conquêtes) qui
provoquent des déséquilibres et des troubles graves. (guerres civiles) qui
aboutiront à un changement de régime politique.
-
L’Empire est le régime né de ces troubles,
établi peu à peu par Auguste : trois grandes dynasties se succèdent au pouvoir.
-
Le Bas-Empire est une longue suite de crises
et de périodes paisibles, mais où les Barbares deviennent de plus en plus
menaçants et finissent par détruire la partie occidentale de l’empire.
1. LA ROYAUTE
a.
Origine
Vers le 9e siècle, 7 villages
latins s’unissent en une ligue latine appelée « Septimontium », mais
les sabins imposent leur direction à cette ligue. La puissance d’Albe s’oppose
au Septimontium, qui la détruit avec l’aide des petites cités latines.
Albe détruite, les cités latines ne
reconnaissent plus l’autorité du Septimontium, le Latium tombe dans l’anarchie.
Au 6e siècle, les Etrusques en profitent pour
envahir le Latium et former sur les 7 collines une véritable ville, qui reçoit
le nom de Rome.
b.
Selon
la légende
La
légende situe la fondation de la ville au milieu du 8e siècle ;
elle évoque 7 rois :
Ø 1 roi latin :
§ Romulus,
fondateur de la ville et auteur de l’alliance avec les Sabins ;
Ø 3 rois sabins :
§ Numa
Pompillus, organisateur de la vie religieuse de la cité,
§ Tullus
Hostillus, qui mène la lutte contre Albe.
§ Ancus
Marcus qui élargit l’espace de Rome et repousse les Latins ;
Ø 3 rois étrusques :
§ Tarquin
l’Ancien donne à Rome les caractéristiques d’une ville
§ Servius
Tullus organise l’administration, l’armée, réalise de grands travaux publics.
§ Tarquin
le Superbe s’empare du pouvoir par la violence et s’y maintient de la même
manière, provoquant finalement un soulèvement des patriciens qui renverse la
Royauté en 509 et instaure la République.
2. La République (509 – 27 a.C)
La
croissance d’un organisme est toujours une période de dangers. Rome a besoin de
s’unifier à l’intérieur. A l’extérieur, les voisins craignent cette puissance
nouvelle qui s’affirme, et cherchent à la détruire. Mais les luttes fortifient Rome qui conquiert peu à
peu l’Italie.
a. Lutte des plébéiens pour l’égalité
A
l’époque royale, seuls les patriciens (les descendants de 100 premières
familles qui s’étaient installées à Rome) avaient des droits civils et
politiques. A l’époque républicaine, la plèbe réclame ses droits, qu’elle
obtient un peu à la fois.
·
En 493, la plèbe se retire hors de Rome sur le
Mont sacré pour obtenir l’égalité avec les patriciens : elle obtient la
création des tribuns de la plèbe.
·
En 471 sont organisés les conciles de la plèbe
(concilia plebis)
·
De 451 à 449, les coutumes orales, tenues
jusque-là secrètement par les patriciens, sont mises par écrit, elles sont
contenues dans la la Loi des XII Tables.
De cette manière est assuré l’égalité
civile.
·
En 449 les conciles de la plèbe se transforment
en Comices tributes, assemblées du
peuple disposant de pouvoirs législatifs ; cet événement représente un début d’égalité politique ;
·
En 445, les
mariages mixtes entre patriciens et plébéiens sont reconnus valides, ceci
assure l’égalité sociale.
·
En 367, 336, 300, les plébéiens peuvent être
élus successivement au consultât, à la préture, aux sacerdoces. Ils jouissent
donc dès 300 de l’égalité politique et religieuse.
b. Conquête de l’Italie
-
Rome se rend maîtresse du Latium grâce à
plusieurs guerres :
·
Contre les Etrusques en 507
·
Contre la Ligue latine en 496
·
Contre les Volsques de 488 à 466
·
Contre les Eques en 458
-
Une longue période de guerres contre les
Samnites lui permet de conquérir l’Italie
centrale : en 343, 328, 310, en 304, malgré de grandes défaites, Rome
remporte la victoire finale.
Entretemps,
de 340 à 338, la guerre reprend contre les Latins ; vaincus, ils
deviennent citoyens romains.
-
En 281, c’est la guerre contre Tarente et le
roi d’Epire, Pyrrhus ; celui-ci est vaincu à Bénévent. Tarente est prise
en 272.
A ce moment, Rome est devenue
maitresse de l’Italie centrale et méridionale. Le contact de Rome avec la
culture grecque en Grande-Grèce (colonies grecques d’Italie du Sud) influencera
beaucoup la civilisation romaine.
c)
Grandes conquêtes ( 272-118 a.C)
L’Italie
soumise, Rome regarde vers l’extérieur
et remarque la puissance de Carthage qui lui apparaît comme rivale
dangereuse. Elle cherche donc à l’anéantir, et en même temps elle étend ses
conquêtes dans toutes les directions
autour de la Méditerranée. Mais ces conquêtes elles-mêmes amènent à Rome tant
de richesse que l’équilibre social finit par se rompre et que ce déséquilibre
laisse prévoir des guerres civiles.
o
Lutte
contre Carthage
Pendant
la première guerre punique (264-241), les deux cités luttent pour la possession
de la Sicile. Carthage, vaincue, doit céder ses possessions siciliennes et
payer un tribut. Entre la première et la seconde guerre, Rome se fait donner la
Corse et la Sardaigne. En 218, c’est la seconde guerre punique : Hannibal
part d’Espagne, traverse les Pyrénées et les Alpes, remporte des victoires en
Italie. Rome sauve la situation en portant la guerre hors d’Italie, en Afrique.
Carthage est vaincue à Zama : elle doit renoncer à l’Espagne et à sa
flotte (202).
A ce moment, la puissance
romaine s’étend sur TOUT LE BASSIN OCCIDENTAL DE LA MEDITERRANEE ;
o
Développement
des conquêtes (208-111)
L’appétit
des conquêtes vient aux Romains ; en orient, Rome annexe la Macédoine et
la Grèce en 147, interdit au roi de Syrie de s’étendre en Asie Mineure, hérite
du royaume de Pergame en 129 et institue la Province d’Asie. En occident,
Carthage redevenue prospère provoque la troisième guerre punique (148-146).
Carthage, vaincue, doit être complètement détruite. Rome institue la Province
d’Afrique. En outre, elle s’empare de Numance en Espagne (133) et conquiert la
Gaule méridionale, qui devient Province Narbonnaise, pour contrôler les communications avec l’Espagne.
o
Rupture
de l’équilibre social
Le développement de
l’esclavage et la concurrence des produits venus des provinces conquises
provoquent la ruine des petits agriculteurs et la disparition de la classe
moyenne, entrainant la formation de très grandes propriétés (latifundia) et
l’enrichissement de la classe des chevaliers. C’est la source d’un déséquilibre social qui mènera aux guerres civiles.
Malgré les tendances aristocratiques du sénat, le
gouvernement reste démocratique. Tous les citoyens peuvent avoir accès aux
magistratures ; les comices tributes, qui votent la plupart des lois,
prennent une importance croissante.
Deux tribuns, Tiberius et
Caius Gracchus, s’efforcent de remédier au déséquilibre social par des réformes
dont certaines sont favorables aux pauvres : réforme agraire, baisse du
prix du blé ; d’autres sont favorables aux chevaliers : droit de
fournir les juges aux tribunaux, perception des impôts en Asie. Ils sont
assassinés. Tiberius en 133, Gaius en 121, par les sénateurs qui ne veulent
rien céder. La noblesse paralyse les lois agraires. La mort de Gracus est
suivie d’une période de gouvernement autoritaire du Sénat, jusqu’en 106.
o
Les
Guerres Civiles ( 118-30 a.C)
§ Epoque de Marius et Sylla
Les
riches propriétaires qui soutiennent le Sénat ( Optimares) sont en lutte contre le parti populaire (
populares). Marius, chevalier et officier, est élu par le parti populaire en
188 a.C. Il réforme l’armée, qui devient une armée de métier, termine la guerre
contre Jugurtha en Afrique du Nord (118-106), élimine le danger des Teutons (
Aix-en-Provence, en 102) et des Cimbres ( Verceil, en 101) en Gaule.
En
90, les cités alliées se rebellent contre Rome dont elles veulent obtenir le
droit de cité. Sylla, patricien ruiné, les soumet en 88 et leur obtient le
droit de cité (d’après la lex plautia papiria). Il entame la lutte contre
Mithridate, roi du pont. Marius dispute à Sylla le pouvoir et le commandement
de la guerre contre Mithridate, mais meurt en 86. Son parti gouverne jusqu’en
83.
A son
retour d’Orient, Sylla proscrit et massacre les partisans de Marius/ Il se fait
nommer dictateur, mais en 79 le Sénat l’oblige à abdiquer. Il meurt l’année
suivante.
§ Epoque de Pompée et César (73-44 a.C)
La
lutte entre Marius et Sylla terminée, le sénat, au lieu de pouvoir rétablir le
régime républicain, est obligé de mener plusieurs guerres, donc de dépendre de
généraux ambitieux. Ces guerres sont les suivantes :
·
74-63 : Lucullus, puis pompée, mènent la
seconde guerre contre Mithridate.
·
73-71 : Pompée et Crassus luttent contre
les esclaves révoltés, entrainés par Spartacus.
·
72 : guerre pour mater la révolte de
l’Espagne : Pompée
·
67 : guerre contre les pirates en
Méditerranée : Pompée
·
63 : Pompée met fin à la guerre contre
Mithridate. Catilina, vaincu par Cicéron aux élections consulaires, tente un
coup d’Etat ; Cicéron le démaque.
Ces deux généraux couverts de
gloire aspirent à un pouvoir personnel.
A la fin de 62, Pompée, Crassus et César s’entendent
secrètement pour un partage d’influence : c’est le premier
triumvirat , non officiel.
En
59, César est consul. Il fait voter des lois agraires, mesures favorables aux
gens du peuple.
En
58, les Comices tributes lui donnent le proconsulat en Gaule Cisalpine et en
Illyrie pour 5 ans ; le Sénat lui accorde la même fonction en Gaule
Narbonnaise pour 5 ans également. C’est cette année-là qu’il commence la
conquête de la Gaule.
En
55, Pompée et Crassus sont consuls. Crassus meurt en 53.
En
52, Pompée est consul unique, gardien de l’ordre public ; il est décidé à
empêcher César de redevenir consul.
En
49, César qui n’a pas pu faire prolonger son mandat de proconsul, rentre à Rome
illégalement avec son armée, en chasse Pompée, le bat en Grèce en 48, et défait
également ses partisans en 45. Il prend peu à peu tus les pouvoirs, en
s’appuyant sur le peuple.
Etapes
de son ascension :
o
48 : Consul
o
47 : dictateur pour 1 an et consul pour 5
ans
o
46 : dictateur et consul pour 10 ans,
préfet des mœurs pour 3 ans
o
44 : Dictateur à vie
Il
s’efforce de donner au peuple pain et travail ; il protège les
provinciaux, dont il fait entrer les représentants au Sénat.
Mais
le parti de Pompée reprend vie ( Brutus et Crassus) et fait assassiner César le
jour des ides de Mars 44.
Cette
fois encore, le retour au fonctionnement normal du régime républicain est
impossible parce que le parti de César veut continuer dans la ligne du grand
dictateur.
§ Epoque d’Octave et Antoine
Tout
d’abord, Cicéron cherche à diviser les Césariens en persuadant les républicains
de soutenir Octave, petit-neveu et fils adoptif de César, contre Antoine, ami
du dictateur. Octave lève une armée privée, Antoine est battu en 43.
Octave
alors réclame le consulat, qui lui est refusé. Il marche sur Rome, se fait élire
et obtient des pouvoirs extraordinaires qui en font le maître de Rome.
Antoine
s’entend avec Lépide pour lutter contre Octave. Mais comme Octave a d’autres
ennemis, Brutus et Crassus, héritiers de Pompé ; il préfère se reconcilier
avec Antoine et Lépide. En 43, Ils se font nommer triumvirs pour 5 ans. C’est le
second triumvirat, fonction officielle cette fois. Brutus et Crassus
sont vaincus à Philippes en 42. En 43, Cicéron avait été une des victimes de la
réconciliation.
Les
triumvirs se partagent les attributions du pouvoir : Antoine gouverne
l’Orient, Octave l’occident, Lépide l’Afrique, selon un accord conclu à
Brindes.
Les 5
années écoulées, le triumvirat est renouvelé ; mais en 36, Lépide est
déposé pour avoir comploté contre Octave. Antoine, qui réorganise l’Orient,
travaille en réalité au profit de la reine d’Egypte, Cléopâtre. Il répudie sa
femme Octavie, sœur d’Octave. Octave déclare la guerre à Cléopâtre. La bataille
d’Actium, en 31, voit la victoire d’Octave, la mort d’Antoine et de Cléopâtre.
L’Egypte est annexée.
Octave,
avant de livrer cette guerre, s’était fait prêter serment de fidélité par
l’Italie et les Provinces. Le 16 Janvier 27, le Sénat lui accorde le titre
d’Augustus qui devient son nouveau nom.
3. L’Empire ( 30 a.C-192 p.C)
Trois dynasties se succèdent
pendant cette période :
-
La dynastie julio-claudienne
-
La dynastie des Flaviens qui succède à une
année d’anarchie après la mort de Néron,
-
La dynastie des Antonins.
Malgré
certains empereurs gravement tarés des crimes politiques, l’empire s’agrandit
encore et se consolide.
a) La dynastie julio-claudienne ( 27 a.C –
96 p.C)
Auguste
cherche à restaurer la religion et la famille, à réformer la société et
l’armée, mais les résultats de ces efforts sont médiocres. Sa politique extérieure
est défensive, il vise à donner à l’empire de bonnes frontières. Son essai
d’extension jusqu’à l’Elbe est anéanti par les Germains (massacre des légions
de Varus)
Ses
successeurs sont :
-
Tibère (14-37) : homme plein de talents
mais cruel, qui réalise la pacification en Orient : il meurt assassiné.
-
Caligula (37-41) : qui opère une réforme
des classes sociales. Il construit un palais pour son cheval. Il devint fou et
mourut assassiné.
-
Claude (41-54), réalise la conquête de la
Maurétanie, de la Thrace, de la Grande-Bretagne, l’agrandissement du port
d’Ostie, il mourut empoisonné par son épouse Agrippine.
-
Néron (54-68) : après un début
prometteur, il commit beaucoup de crimes, entre autres l’incendies de Rome et
la persécution des chrétiens ; il fut assassiné également.
Après
Néron, Rome connut un an d’anarchie : Galba, Othon, Vitellius se
succéderont, proclamés empereur chacun par ses légions.
b) La dynastie des Flaviens (69-96)
-
Vespasien fonde ensuite la dynastie des
Flaviens. Sous son règne, qui fut excellent, son fils Titus détruisit Jérusalem
en 70.
-
Titus (79-81) empereur aimé, fut un sage
administrateur. C’est sous son règne que Pompei et Herculanum furent détruites
par l’éruption du Vésuve en 79.
-
Domitien ( 81-96) poursuivit la conquête de la
Grande-Bretagne. Il déchaîne une persécution violente contre les chrétiens et
les stoïciens, et périt assassiné.
c) Le siècle des Antonins (96-192)
-
Nerva (96-98) : ramena le calme après la
violence de Domitien : il essaye de gouverner avec le Sénat.
-
Trajan (98-117) : son règne fut
remarquable dans tous les domaines. Il soumit la Dacie, la Mésopotamie ;
il intégra fortement les provinces à l’empire et instaure la succession par
adoption.
-
Hadrien (117-138) : empereur pacifique et
voyageur, organise le régime impérial, renonce à la Mésopotamie et disperse es
Juifs hors de leur pays.
-
Antonin le pieux (138-161) régna de manière
calme et modérée.
-
Marc Aurèle (161-180) est un empereur
philosophe, de formation et stoïcienne, mais assez médiocre homme d’Etat ;
il persécuta les chrétiens et mit fin aux guerres de conquête.
-
Commode (180-182) : fut un fou dangereux.
4. Le Bas-Empire (192-376)
Le
régime ; qui a vu accéder peu à peu au pouvoir suprême des affranchis et
des hommes d’origine barbare, connaît de longs moments d’anarchie : des
empereurs tentent un partage du pouvoir pour éviter l’éclatement, mais alors
que l’Empire d’Orient résiste, l’Empire d’Occident finit par tomber, victime de
sa décadence et des coups répétés des Barbares.
a) Crise du troisième siècle (192-284)
§ La dynastie des Sévères (192-235)
Elle se caractérise d’abord
par l’absolutisme militaire ( 192-235). Les empereurs successifs sont Septime-Sévère, Caracalla, Elagabla et
Alexandre-Sévère .
En 212 Caracalla promulgua un édit accordant le droit de
cité à tout homme libre habitant l’empire. Elle dégénéra ensuite en anarchie
militaire ( 235-268). C’est l’époque des premières invensions germaniques dans
l’empire, de la guerre des Parthes. Le christianisme progresse ; Dèce le persécute.
§ La dynastie des Illyriens
-
Aurélien (270-275) redresse la situation et
ramène la paix
-
Dioclétien (284-305) donne à l’empire les
caractéristiques d’une monarchie orientale absolue. Il associe 4 personnes à la
direction de l’empire, mais cette tétrarchie échoue ; elle se constituait
de Dioclétien, Maximin, Galère et Constance Chlore. Dioclétien persécute
systématique les chrétiens
c. Dislocation de l’Empire ( 305-476)
-
Constantin
(305-361) prend le pouvoir à la suite d’une guerre civile ; il
centralise très fort le pouvoir. Il bâtit Constantinople, qui devient la
capitale de l’empire en 330. En 313, il promulgue l’édit de Milan qui accorde
la liberté de culte aux chrétiens. A l’extérieur, il poursuit la lutte
contre les Barbares.
-
Julien l’Apostat (361-383) essaya, mais en
vain, de rénover le paganisme et fit entrer des Barbares dans l’armée après
avoir lutté contre eux.
-
Théodose ( 386-395) est le dernier à régner
sur tout l’empire, il le partage entre ses fils, Arcadius et Honorius en 395.
Il fait du christianisme la religion
d’Etat.
Au 5e siècle, de
plus en plus, les Barbares pénètrent dans l’Empire. En 476, Odoacre, chef
barbare, détrône le dernier empereur, Romulus Augustule et met ainsi fin à
l’Empire Romain d’Occident.
CHAPITRE II : LE CITOYEN
A. Evolution des cadres de la société
romaine
1.
A l’époque royale, une partie seulement de la
population romaine possède la qualité de citoyen. Ce sont les patriciens,
descendants de 100 premières familles installées à Rome. Les membres de chaque
famille forment une « gens », portent le même « nomen
gentilicum », célèbrent le même culte ; ils sont les propriétaires du
sol, élèvent de grands troupeaux.
Le
reste de la population, sans droits, est composé des plébéiens, des clients,
des affranchis et des esclaves.
-
Les plébéiens sont des Latins refugiés qui
cultivent la terre ;
-
Les clients sont généralement des étrangers,
oisifs, juridiquement liés à des patriciens qui les protègent et les
représentent en justice.
-
Les affranchis sont des esclaves libérés qui
restent dépendants de leur ancien maître.
-
Les esclaves, qui ont perdu leur liberté par
suite de guerre, de châtiment judiciaire, ou qui sont nés de parents esclaves,
sont considérés comme des objets.
2.
La
République : Du 5e au 3e siècle, les
plébéiens acquièrent peu à peu l’égalité sociale, civile, politique et
religieuse. On distingue désormais les citoyens : tout homme libre né d’un
père citoyen, patricien ou plébéien ; et le non-citoyens, à savoir les
esclaves. Notons que les affranchis sont des citoyens sans droits : leurs
enfants, nés libres d’un père citoyen, deviennent automatiquement citoyens à part
entière.
Dès
que la plèbe obtient l’égalité avec le patriciat, les riches plébéiens
s’entendent avec les patriciens, et la société se divise alors selon la
richesse, les riches profitant en réalité seuls des droits appartenant à tous
les citoyens.
Les
grandes conquêtes de 3e et 2e siècle accentuent encore
cette distinction :
-
La classe moyenne des petits agriculteurs et
des artisans disparaît pratiquement, ruinée au profit des riches propriétaires
ou des grands financiers, à cause de la concurrence des produits et de la
main-d’œuvre esclave venus des pays conquis. Cette classe appauvrie forme
désormais la clientèle. Il est important
de retenir que les clients ne sont plus comme à l’époque royale, des
étrangers ayant besoin d’un répondant juridique, mais des citoyens romains qui
se mettent sous la protection d’un riche, qui leur procure le nécessaire pour
se nourrir et se vêtir.
-
La classe des chevaliers, née de la classe des
plus riches, tenus de faire leur service militaire dans la cavalerie, s’occupe
du grand commerce et des finances ; peu d’entre eux s’occupent de
politique, ceux qui le font s’appellent
« homines novi » comme Cicéron par exemple.
-
La noblesse sénatoriale est composée des
familles de ceux dont un ancêtre a exercé une magistrature curule (édilité,
préture, consulat) et ont été membres du Sénat. Cette classe désire conserver
le monopole des magistratures, c’est pourquoi il est difficile aux chevaliers
de participer à la vie politique.
3.
Sous
l’Empire : les citoyens se répartissent, selon la richesse
toujours, en honestiores ( riches) et humiliores ( pauvres)
Pour
mettre fin aux rivalités entre sénateurs et chevaliers, Auguste instaure un
système d’ordres :
-
L’ordo senatorius est composé des citoyens possédant
1 million de sesterces : ce sont ceux qui exercent les anciennes
magistratures et font partie du Sénat.
-
L’ordo equester regroupe les citoyens
possédant plus de 400.000 sesterces. Ils constituent la noblesse officielle et
occupent les charges nouvelles instituées par Auguste.
Ces
deux ordres forment la classe des honestiores.
La
clientèle a encore évolué : tout le monde, même les riches, se met sous la
protection d’un plus puissant que lui : chacun est donc le client de
quelqu’un, sauf l’empereur.
4.
Bas-Empire :
une nouvelle catégorie s’ajoute aux classes existantes : les colons,
hommes libres mais attachés à une terre. Quant aux affranchis, qui restent une
classe à part, ils sont désormais souvent très riches et occupent des postes
importants dans l’administration de l’Empire.
B. Le droit de cité
1)
Le droit de cité ( civitas) est le droit de
celui qui fait partie de la « civitas romana ». Il comporte des
droits ( iura) et des devoirs ( munera)
Les
droits politiques règlent les relations du citoyen par rapport à l’Etat ;
ce sont :
-
Le droit de vote : ius suffragii
-
Le droit d’être élu : ius honorum
-
Le droit de participer aux sacerdoces :
ius sacrorum
-
Le droit de faire appel au peuple dans les
procès criminels : ius provoctionis
Les
droits civils protègent l’individu et règlent ses relations avec les autres
citoyens :
-
Le droit de propriété : ius commercii
-
Le droit de mariage : ius connubii
-
Le droit d’intenter une action
judiciaire : ius legis actionis
Les charges du citoyen sont :
-
L’obligation de se présenter au
recensement : ius census
-
L’obligation de servir dans l’armée : ius
militiae
-
L’obligation de payer le tribut :
tributum
Notons
cependant que la militia ne sera pratiquement plus exercée après la réforme de
l’armée par Marius, et que le tributum sera supprimé après 67 a.C
2)
Il existe différents degrés de
citoyenneté :
-
La
citoyenneté complète : civitas optimo iure
On
obtient ce droit soit par naissance, soit par naturalisation ( civitatis
donatio), soit par affranchissement ( manumissio)
N.B
on peut perdre cette citoyenneté complètement ( capitis deminutio maxima) ou en
partie ( capitis deminutio media)
v On la
perd complément dans le cas où on s’est soustrait au census, à la
militia : c’est la perte du caractère de citoyen et de la liberté ;
v On la
perd en partie (temporairement) de manière volontaire, en quittant Rome ou de manière forcée, dans le cas
d’envoi en exil.
-
La
citoyenneté incomplète : civitas imminuto iure
Il
existe plusieurs catégories de citoyens qui ne jouissent pas de tous les
droits. Ce sont :
§ Les
humiles ( les pauvres) dont le droit de vote n’est pas réel
§ Les
aerarii qui n’ont pas de droit de vote ; ceux qui ont encouru l’infamie,
par leur profession ou par condamnation
§ Les
affranchis, qui n’ont ni le ius honorum, ni le ius sacrorum, ni le ius connubii
avec des personnes libres,
§ Les
citoyens des municipes dans droit de vote
3)
Evolution de l’extension du droit de cité
-
A l’origine :
tout homme libre, né d’un père citoyen
-
Après 89 a.C, les
alliés, à la suite de la guerre sociale et de la promulgation de la lex Plautia
Papiria, moyennant les conditions suivantes :
·
Etre domicilié en Italie à la date de la
promulgation de la loi
·
Avoir obtenu le droit de cité d’une ville
alliée
·
Avoir fait une déclaration devant le préteur
dans les 60 jours suivant la promulgation
-
A partir de 48 a.C : tout homme libre
habitant l’Italie
-
Au début de l’Empire : les cités
provinciales
-
212 a.C : Edit de Caracalla : tout
homme libre habitant l’Empire.
CHAPITRE III : ORGANES DE
GOUVERNEMENT
La constitution de la République romaine repose sur
l’équilibre de 3 organes qui se contrôlent mutuellement : les comices, le
sénat, les magistrats. La direction effective de l’Etat (pouvoir législatif)
est aux mains du Sénat et des Comices, le pouvoir exécutif est exercé par les 2
consuls, aidés par les magistrats, tous élus pour 1 an.
1. LE POUVOIR LEGISLATIF
A. LES COMICES
a)
Les
comices curiates
Datant
de la Royauté, ils sont composés du populus, c’est-à-dire des seuls patriciens.
Leur rôle est d’élire le Roi et de lui transmettre « l’imperium » (
ses pouvoirs), d’accepter les lois, de déclarer la guerre ou de conclure la
paix, et de prendre part à l’exercice du pouvoir judiciaire.
Sous la République, les
Comices curiates ne sont déjà plus qu’une simple survivance : ils
transmettent l’imperium aux magistrats supérieurs et valident simplement les
lois votées par les autres assemblées.
Sous l’Empire, on les
consulte théoriquement pour élire l’Empereur, à qui ils transmettent
l’imperium.
b)
Les
comices centuriates
Selon
la légende, cette assemblée est née de la réforme administrative de
l’avant-dernier roi. Servius Tullius. Elle existe en tout cas au 5e
siècle. Les comices centuriates sont formés des 5 classes ( division basée sur
la richesse) divisées elles en 193 centuries.
Leur
rôle est d’élire chaque année les magistrats supérieurs, de voter certaines
lois, de déclarer la guerre, de juger les procès pour lesquels on fait appel.
Notons que ces attributions sont reprises aux comices curiates.
c)
Les
Comices tributes
Sous
la République : En 471, la plèbe obtint de se réunir
en conciles plébéiens ( concilia plebis) assemblés par tribus, formées selon le
lieu de domicile, ils avaient pour rôle d’adopter des plébiscites ( décisions
de la plèbe), d’élire les tribuns et édiles de la plèbe.
A partir de 449, ces conciles deviennent les comices
tributes et ont désormais le droit d’élire chaque année les magistrats
inférieurs ( questeurs, édiles), les tribuns militaires et de voter la plupart
des lois. Dès ce moment, les comices tributes sont donc le véritable moyen
d’expression de la volonté du peuple.
Sous
l’Empire, leur évolution suit cette des Comices
centuriates : les deux assemblées perdent leur pouvoir au cours du premier
siècle p.C
Remarques
-
Les comices curiates se réunissent au Forum
-
Les comices centuriates au Champ de Mars
-
Les Comices tributes au Forum pour discuter et
au Champ de Mars pour voter.
On
parle aussi de « contio ». C’est une assemblée de la population
convoquée pour simple information.
B. LE SENAT
Le
Sénat partage avec les Comices le pouvoir législatif, donc la direction
effective de l’Etat. C’est à l’origine, un conseil de 100, puis de 300
vieillards ( senes) choisis par le Roi. Il est le conseil du Roi, qu’il remplace à sa mort en attendant
l’élection du nouveau Roi. Il propose un candidat-roi au vote des
comices ; il garde les coutumes et exerce une tutelle ( auctoritas) sur
les Comices.
Sous
la République, recruté par les prêteurs, plus tard par les Consuls puis par les
censeurs parmi les anciens magistrats. Il représente une autorité permanente,
donc un grand pouvoir devant les magistrats renouvelés chaque année. Il devient
en fait la plus haute autorité de la
Rome républicaine ( publicum consilium populi Romani). Son rôle , à cette
époque, est de surveiller la religion, gérer les finances, diriger la politique
extérieure, organiser l’armée, les provinces, donner son avis au magistrat en
toute matière, décider les mesures à prendre en cas de danger pour l’Etat.
Sous
l’Empire, c’est l’Empereur qui choisit les sénateurs dans l’ordo senatorius.
Sous le contrôle de l’Empereur, le Sénat fait les lois (pouvoir perdu par les
Comices), crée les magistrats. Mais peu à peu le Consilium Principis remplacera
le Sénat, qui ne sera plus que le conseil municipal de Rome.
Remarques
Les sénateurs portent la tunique à large bande de pourpre
verticale (tunique laticlave) et dans les cérémonies, la toge prétexte ( toga
praetexta). Ils ne peuvent prendre ni la ferme des impôts (charge de percevoir
les impôts) ni cele des travaux publics (attribution à des entreprises des
travaux payés par l’Etat). A partir de la 2e guerre punique, il leur
est interdit de s’occuper d’industrie et de commerce, à eux ainsi qu’à leurs
fils. Jusqu’à la fin de la République, ils forment la première classe de la
société ; ils sont remplacés sous l’Empire par l’ordo equester à ce rang
social.
2. LE POUVOIR EXECUTIF : LES
MAGISTRATURES
Les
magistratures n’existent pas sous la Royauté : elles ont été créées après
la chute de celle-ci pour remplacer et morceler le pouvoir royal. Nous étudions
donc le fonctionnement de cette institution à partir de la République.
1. CARACTERES COMMUNS
-
Annalité : à part les dictateurs et les
censeurs, tous sont élus pour 1 an.
-
Gratuité : les magistrats ne reçoivent
pas de traitement, parfois des indemnités.
-
Collégialité : tous les collègues d’une
même magistrature ont un pouvoir égal, et le pouvoir d’intercession vis-à-vis de leurs
collègues et de leurs inférieurs, c’est-à-dire qu’ils peuvent s’opposer à leurs
décisions.
-
L’inviolabilité est le privilège des tribuns
de la plèbe et des édiles de la plèbe : on ne peut pas porter la main sur
eux.
En
outre, l’itération n’est possible qu’après un intervalle de 10 ans, et le cumul
(exercer 2 charges en même temps) est interdit.
A sa
sortie de charge, un magistrat peut être envoyé diriger une province, avec le
titre de propréteur ou de proconsul ; à partir de 52 a.C, il faudra un
délai de 5 ans après la sortie de charge.
2. POUVOIRS DES MAGISTRATS
Ces
pouvoirs se regroupent sous deux appellations : potestas, imperium. Tous
les magistrats possèdent la POTESTAS : c’est le pouvoir administratif.
Avec la potestas, le magistrat peut, selon sa charge :
-
Edicere : faire des ordonnances
-
Habere contionem : convoquer le peuple
-
Agere cum populo, cum patribus : faire
voter le peuple, le Sénat
-
Pignore capere : recevoir des gages
-
Auspicia capere ( ius auspiciorum minorum): prendre
les auspices dans Rome, c’est-à-dire dans l’espace consacré autour des murs de
Rome ( promerium)
-
Renuntiare comitis : empêcher la réunion
de comices, en raison des mauvais présages.
LES MAGISTRATS SUPERIEURS ONT
L’IMPERIUM en plus de la potestas, c’est-à-dire :
-
Le ius suspiciorum maiorum : droit de
prendre les auspices hors de Rome
-
Le droit de lever et de commander des armées
-
Le pouvoir judiciaire à Rome et hors de Rome (
domi militiaeque)
-
Le droit de coercition ( arrêter les citoyens
et les forcer à comparaître).
A
cela s’ajoute l’imperium militiae, c’est-à-dire le commandement militaire,
propre aux préteurs, aux consuls et aux
dictateurs. Il est symbolisé par la présence de l’escorte des licteurs qui,
armés de faisceaux (fasces), accompagnent le magistrat en fonction.
3. DETAIL DES MAGISTRATURES
a.
Cursus
honorum, « carrière des honneurs », représente à suivre
obligatoirement pour s’élever dans la série des magistratures.
-
Les questeurs sont chargés des finances :
ils sont gardiens du Trésor, payeurs aux armées et trésoriers des provinces.
-
Les édiles, au nombre de 4 (2 de la plèbe, 2
curules) ont pour attribution l’administration municipale :
approvisionnement de Rome (cura annonae), surveillance du marché, police de la
ville, garde des archives, soin des rues, organisation des jeux publics.
-
Les préteurs : à l’origine 1, puis 2 et 8
(sous Sylla), enfin 16 (sous César), sont les chefs de l’organisation
judiciaire. Le premier, praetor urbanus, est chargé de la justice entre citoyens.
A cause du nombre des étrangers, la fonction de praetor peregrinus fut créée en
241 a.C : ce préteur devait intervenir dans tous les différends où
paraissait un étranger ( peregrinus). Les 14 autres présidaient des tribunaux
criminels permanets ( quaestiones perpetuae)
-
Les consuls, au nombre de 2, choisis parmi les
anciens préteurs. Ils sont les premiers magistrats de la République
romaine : ils convoquent et président le Sénat, les Comices curiates et
centuriates, et font exécuter leurs décisions ; ils lèvent et commandent
les armées ; ils donnent leur nom à l’année de leur mandat (éponymie). En
cas de crise, ils reçoivent les pleins pouvoir par Sénatus-consulte ( Senatus
consultum ultimum) : comme dans cette phrase que Cicéron avait prononcée à
la première catilinaire : « videant consules ne quid res publica
detrimenti capiat » ( les consuls veuillent à ce qu’aucun mal n’arrive à
la République.
b. Magistratures extraordinaires
En
cas de grave danger, un dictateur est désigné par l’un des consuls, à la demande
du Sénat, qui proclame l’état d’exception. Choisi parmi les anciens consuls
pour une durée de 6 mois, avec pleins pouvoirs. Il est muni d’un imperium
absolu. Les pouvoirs des autres magistrats sont alors suspendus, sauf ceux des
tribuns de la plèbe. Le dictateur désigne lui-même un maître de la cavalerie
(magister equitus) qui l’assiste. Notons qu’après 202 a.C le Sénat ne demande
plus la désignation d’un dictateur, mais renforce temporairement les pouvoirs
des consuls.
c. Les censeurs
Au
nombre de 2, élus tous les 5 ans parmi les anciens consuls, les censeurs
demeurent en charge au maximum 18 mois, ils sont munis seulement de la
potestas. Leurs principales attributions sont :
-
Le rencesement quinquennal ( census) des
citoyens et la classification d’après la fortune ;
-
Le recrutement du Sénat,
-
La police des mœurs avec droit de flétrissure
( nota censoria)
-
La police des mœurs avec droit de flétrissure
( nota censoria)
-
La ferme des impôts et des travaux publics.
Avant
de démissionner, ils procèdent à la cérémonie de purification quinquennale de
la population ( lustrum)
d. Les tribuns de la plèbe
Tous
d’origine plébéienne, ils sont des chefs reconnus de la plèbe plutôt que des
magistrats proprement dits. Leur pouvoir ( potestas) est limité à Rome et à ses
environs immédiats ( 1 mile autour). Ils sont inviolables ( sacrosancti). Ils
ont :
-
Le ius intercessionis auprès de tous les
magistrats, excepté le dictateur
-
Le ius auxilii, droit d’empêcher l’arrestation
d’un individu,
-
Le ius agendi cum plebe : convoquer et
présider la plèbe dans les assemblées du peuple et les Comices tributes.
-
Le droit d’infliger des amendes et d’arrêter
des citoyens.
EVOLUTION
DES ORGANES DE GOUVERNEMENT AVEC L’EMPIRE
Le régime instauré par Octave repose sur deux faits :
a) La
concentration des dignités et des pouvoirs républicains entre les mains d’un
seul homme, le Prince ;
b) La
création de nouveaux organes d’administrations relevant de lui seul. Il s’agit
donc en réalité d’une restauration du pouvoir monarchique mais qui essaie de
conserver, autant que possible l’apparence de la République.
1)
Les
magistratures
Le
nombre des magistrats augmente, mais leur pouvoir diminue. On intègre au cursus honorum le vignitivirat (différentes
magistratures subalternes). Le tribunat de la plèbe et le tribunat militaire.
2)
Les
comices
Ils
perdent leur pouvoir délibératif en premier lieu, le pouvoir législatif
ensuite, dans le courant du 1er siècle p.C
3)
Le
Sénat
Il
remplace pratiquement les Comices puis perd finalement son rôle.
4) Les
nouveaux organes d’administration
·
Les
hauts fonctionnaires
o
Préfets du Prétoire (Praefecti praetorio),
chefs de la garde prétorienne, sortes de vice-empereurs. Il n’y en avait qu’un
au début, l’empereur en nomma un second pour affaiblir ce pouvoir qui devenait
trop grand.
o
Préfet de l’annone (Praefectus annonae) :
il a la responsabilité du ravitaillement de Rome
o
Préfet de la ville (Praefectus urbi) :
chefs des cohortes urbaines, il dirige la police et l’administration de Rome
o
Préfet des vigiles (Praefectus
vigiliis) : il commande la milice des sapeurs-pompiers.
Le
préfet de la ville est choisi dans la classe sénatoriale, les autres dans
l’ordre équestre, ainsi que les préfets et procurateurs des provinces
impériales.
·
La
Chancellerie impériale
Elle se compose de bureaux ou
ministères centralisant toute l’administration romaine.
-
Bureau a sportulis : correspondance avec
les provinces
-
Bureau a rationibus : affaires
financières, gestion du Trésor
-
Bureau a libellis : réception des
requêtes et doléances
-
Bureau a cogitionibus : affaires
judiciaires
Les
chefs de bureau sont des affranchis, après Hadrien, ce seront des chevaliers.
·
Le
conseil du Prince
Il
groupa, à partir d’Hadrien, les chefs de bureau et les hauts fonctionnaires,
sous la présidence de l’empereur ou d’un préfet du prétoire. Il prend de plus
en plus d’importance, au point de réduire le Sénat au simple rôle de conseil
municipal de Rome.
CHAP IV : LE
DROIT ET L’EXERCICE DE LA JUSTICE
A. Le
droit
A
l’époque royale, la science juridique est le privilège des pontifes, au début
de la République, des hommes compétents ( prudentes) se spécialisent dans cette
étude, mais en tiennent secrètes les formules. Au 5e siècle, dans le
cadre de la lutte des plébéiens pour obtenir l’égalité, ceux-ci exigent la
publication de la loi, trop souvent favorable aux patriciens. C’est l’origine
de la loi des XII Tables : ce texte, rédigé de 451 à 449 par 10 anciens
consuls ( decemviri legis faciundi) établissait définitivement l’égalité civile
des patriciens et des plébéiens ; les Romains en étaient très fiers.
Désormais la loi devient l’œuvre du peuple tout entier, réuni en comices centuriates
ou tributes.
1.
Différentes
sortes de décisions ayant force des lois
Epoque républicaine
Venant
du Sénat |
: |
a.
Consilium senatus : approbation du Sénat vis-à-vis
d’un projet de la loi , elle a la valeur d’une décision b.
Senatus-consultum : décret du Sénat, qui a valeur
d’exécution ( il doit être exécuté) |
Venant
d’un magistrat |
: |
Lex data :decret d’un
magistrat non voté par le peuple |
Venant
du peuple |
: |
Lex
rogata |
NAISSANCE D’UNE LEX ROGATA
1.
Un magistrat propose une loi qui concerne son
domaine particulier
2.
Le consul ou le préteur rédige le projet de
loi,
3.
Jusqu’en 339 a.C, les comices discutent le
projet en réunions préparatoires, les comices passant ensuite au vote ; la
loi adoptée est validée par les comices curiates, ratifiée par le Sénat (
auctoritas) ; après 339, le consul ou le préteur qui a rédigé le projet
réunit le Sénat pour obtenir son consilium préalable, les comices discutent le
projet, il n’y a plus de validation par les comices curiates.
Epoque impériale
Les
lois sont faites par le Sénat sous le contrôle de l’empereur.
§ Textes de lois
Le
droit romain, c’est-à-dire l’assemblée des lois établies par les organes
législatifs, peut donc être trouvé :
o
A
l’époque républicaine, dans
-
La loi des XII Tables
-
Les lois votées par les comices tributes
-
Les sanatus consultes
-
L’édit du préteur urbain, qui publie à son
entrée en charge comment il compte exercer le droit
o
A
l’époque impériale, comme l’empereur a pris le contrôle du
pouvoir législatif et travaille avec ses fonctionnaires, le droit est contenu
dans :
-
Les edicta : mesures d’ordre général
-
Les mandata : instructions aux
fonctionnaires impériaux
-
Les decrets : jugements rendus par
l’empereur
-
Les rescripta : réponses à des
consultations juridiques
B.
L’exercice
de la Justice
Toute
violation d’un droit appelle une sanction, qui doit être décidée par des hommes
compétents. L’organisation judiciaire romaine a varié au cours des
siècles : la pratique du droit à Rome a longtemps conservé, avec un
caractère magique, des pratiques très anciennes. Jusqu’à la fin de la
République on a conservé la procédure dite « per legis actiones »,
tel plaignant obtenait gain de cause s’il avait conservé fidèlement le rituel
magique.
a)
Procès
privés « iudicia privata »
Ils
ont pour but la reconnaissance d’un droit privé violé par exemple par un vol,
le déplacement des bornes d’un terrain, etc. A l’origine les cas étaient
tranchés de manière privée, par arbitrage. L’Etat romain prenant de
l’importance, il a voulu intervenir : c’est l’origine de la procédure
formulaire et des deux phases du procès privé :
-
Phase « in iure » : le
représentant de l’Etat, généralement le préteur, détermine le point de droit,
la loi qui en est en cause, et exprime dans une formule juridique.
-
Phase « in iudicio » : les
plaignants se présentent chez le juge avec la formule du préteur, le juge rend
la sentence.
Sous l’Empire, la
centralisation croissante mit une partie de ces compétences entre les mains de
l’Empereur et de juges qu’il désignait.
b)
Procès
publics « iudicia publica »
L’Etat
poursuit les délits de droit commun : homicide, fabrication de fausse monnaie,
crimes politiques. Ces délits relevaient du consul, mais assez vite il
s’établit un droit d’appel aux Comices : ceux-ci donnèrent délégation à
des tribunaux d’abord provisoires puis définitifs et spécialisés pour un type
de crime déterminé : les quaestiones perpetuae, sorte de jurys présidés
par un préteur.
Sous l’Empire, la justice impériale se substitue à ces jurys
à caractère démocratique : l’Empereur conférait cette juridiction au
préfet de la Ville, à Rome, au praefectus praetorio en Italie et aux
gouverneurs dans les provinces. Dans tous les cas, l’appel à l’empereur (
Caesarem appelo) demeurait possible.
N.B
Alors que sous la République tous les citoyens jouissent de l’égalité pénale, à
l’époque impériale le coupable est puni différemment selon qu’il est honestior,
humilior ou esclave.